Identités de Rogers-Ramanujan

En combinatoire, les identités de Rogers-Ramanujan sont les deux égalités de q-séries hypergéométriques suivantes[1], qui peuvent être interprétées comme des égalités entre des nombres de partitions d'entiers :

n = 0 q n 2 ( 1 q ) ( 1 q 2 ) ( 1 q n ) = k = 0 1 ( 1 q 5 k + 1 ) ( 1 q 5 k + 4 ) , {\displaystyle \sum _{n=0}^{\infty }{\frac {q^{\color {Red}n^{2}}}{(1-q)(1-q^{2})\cdots (1-q^{n})}}=\prod _{k=0}^{\infty }{\frac {1}{(1-q^{5k\color {Red}+1})(1-q^{5k\color {Red}+4})}},}
n = 0 q n ( n + 1 ) ( 1 q ) ( 1 q 2 ) ( 1 q n ) = k = 0 1 ( 1 q 5 k + 2 ) ( 1 q 5 k + 3 ) . {\displaystyle \sum _{n=0}^{\infty }{\frac {q^{\color {Red}n(n+1)}}{(1-q)(1-q^{2})\cdots (1-q^{n})}}=\prod _{k=0}^{\infty }{\frac {1}{(1-q^{5k\color {Red}+2})(1-q^{5k\color {Red}+3})}}.}

Histoire

Elles ont été découvertes et prouvées dans un premier temps par Leonard James Rogers (en) en 1894[2], puis trouvées (mais sans démonstration) par Srinivasa Ramanujan peu avant 1913[3]. Ramanujan a découvert l'article de Rogers en 1917 ; ils ont alors publié en commun une nouvelle preuve[4]. Issai Schur a lui aussi découvert ces identités et les a démontrées (indépendamment) en 1917[5].

Définition

En utilisant le q-symbole de Pochhammer, les identités de Rogers-Ramanujan sont :

G ( q ) = n = 0 q n 2 ( q ; q ) n = 1 ( q ; q 5 ) ( q 4 ; q 5 ) = 1 + q + q 2 + q 3 + 2 q 4 + 2 q 5 + 3 q 6 + {\displaystyle G(q)=\sum _{n=0}^{\infty }{\frac {q^{n^{2}}}{(q;q)_{n}}}={\frac {1}{(q;q^{5})_{\infty }(q^{4};q^{5})_{\infty }}}=1+q+q^{2}+q^{3}+2q^{4}+2q^{5}+3q^{6}+\cdots \,} (suite A003114 de l'OEIS)

et

H ( q ) = n = 0 q n 2 + n ( q ; q ) n = 1 ( q 2 ; q 5 ) ( q 3 ; q 5 ) = 1 + q 2 + q 3 + q 4 + q 5 + 2 q 6 + {\displaystyle H(q)=\sum _{n=0}^{\infty }{\frac {q^{n^{2}+n}}{(q;q)_{n}}}={\frac {1}{(q^{2};q^{5})_{\infty }(q^{3};q^{5})_{\infty }}}=1+q^{2}+q^{3}+q^{4}+q^{5}+2q^{6}+\cdots \,} (suite A003106 de l'OEIS).

Symboles de Pochhammer

Les symboles de Pochhammer qui interviennent sont :

( q ; q ) n = k = 1 n ( 1 q k ) = ( 1 q ) ( 1 q 2 ) ( 1 q n ) {\displaystyle (q;q)_{n}=\prod _{k=1}^{n}(1-q^{k})=(1-q)(1-q^{2})\cdots (1-q^{n})}
( q ; q 5 ) = k = 0 ( 1 q 5 k + 1 ) {\displaystyle (q;q^{5})_{\infty }=\prod _{k=0}^{\infty }(1-q^{5k+1})}
( q 4 ; q 5 ) = k = 0 ( 1 q 5 k + 4 ) {\displaystyle (q^{4};q^{5})_{\infty }=\prod _{k=0}^{\infty }(1-q^{5k+4})}
( q 2 ; q 5 ) = k = 0 ( 1 q 5 k + 2 ) {\displaystyle (q^{2};q^{5})_{\infty }=\prod _{k=0}^{\infty }(1-q^{5k+2})}
( q 3 ; q 5 ) = k = 0 ( 1 q 5 k + 3 ) {\displaystyle (q^{3};q^{5})_{\infty }=\prod _{k=0}^{\infty }(1-q^{5k+3})}

Interprétations combinatoires

Pour la première identité (G), le membre de droite peut être interprété comme le nombre de partitions de n dont les parts diffèrent d’au moins 2, et le membre de gauche est le nombre de partitions de n en parts congrues à ±1 modulo 5 (1, 4, 6, 9, etc.)[6],[7].

Pour la seconde (H) :

  • q n 2 + n ( q ; q ) n {\displaystyle {\frac {q^{n^{2}+n}}{(q;q)_{n}}}} est la série génératrice des partitions en n parts telles que deux parts adjacentes diffèrent d'au moins 2 et telles que la plus petite part est au moins 2.
  • 1 ( q 2 ; q 5 ) ( q 3 ; q 5 ) {\displaystyle {\frac {1}{(q^{2};q^{5})_{\infty }(q^{3};q^{5})_{\infty }}}} est la série génératrice des partitions telles que chaque part est congruente à 2 ou 3 modulo 5.

Le nombre de partitions de n telles que deux parts adjacentes diffèrent d'au moins 2 et telles que la plus petite part est au moins 2 est égal au nombre de partitions de n telles que chaque part est congruente à 2 ou 3 modulo 5.

Notes et références

(en) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en anglais intitulé « Rogers–Ramanujan identities » (voir la liste des auteurs).
  1. G. H. Hardy et E. M. Wright (trad. de l'anglais par F. Sauvageot), Introduction à la théorie des nombres [« An Introduction to the Theory of Numbers »], Vuibert-Springer, , p. 375, th. 362 et 363.
  2. (en) Leonard James Rogers, « Third Memoir on the Expansion of certain Infinite Products », Proc. London Math. Soc., vol. 26, no 1,‎ , p. 15-32 (DOI 10.1112/plms/s1-26.1.15).
  3. Il les a communiquées à Percy Alexander MacMahon qui les a incluses dans son livre Combinatory Analysis, Cambridge University Press, Vol. 2, 1916, sans démonstration.
  4. (en) Leonard James Rogers et Srinivasa Ramanujan, « Proof of certain identities in combinatory analysis », Cambr. Phil. Soc. Proc., vol. 19,‎ , p. 211-216.
  5. (de) Issai Schur, « Ein Beitrag zur additiven Zahlentheorie und zur Theorie der Kettenbrüche », Sitzungsberichte der Berliner Akademie,‎ , p. 302-321.
  6. Hardy et Wright 2007, p. 376, th. 364.
  7. « Identité de Rogers-Ramanujan », sur Publimath.

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Cilanne Boulet et Igor Pak (en), « A combinatorial proof of the Rogers-Ramanujan and Schur identities », Journal of Combinatorial Theory, a, vol. 113, no 6,‎ , p. 1019-1030 (DOI 10.1016/j.jcta.2005.09.007, arXiv math/0411072, lire en ligne)
  • (en) David Bressoud, « An easy proof of the Rogers-Ramanujan identities », J. Number Theory, vol. 16, no 2,‎ , p. 235-241 (DOI 10.1016/0022-314X(83)90043-4)

Articles connexes

Lien externe

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